Citez l'arbre // Provence #4

09/04/2020

Trois plans de la nature en pleine éclosion, pour le plaisir des yeux et des oreilles des citadins confinés. Reconnaissez vous ces plantes ? Que savez vous d'elles?  Envoyez nous vos réponses par email (anatives@gmail.com) ou sur la page Facebook d'Alter Natives . Pour la réponse de la précédente video c'est par ici. A très bientôt!

En premier lieu nous découvrons un cerisier en fleur. Les cerisiers à fruits sont cultivés en Europe depuis la plus haute Antiquité. Il en existe une grande quantité. Nos cerisiers ont deux parents anciens : le griottier (Prunus cerasus) qui produit des cerises véritables et des « griottes » et le merisier (Prunus avium) qui donne des fruits un peu plus gros appelés « guignes » voire très charnus « les bigarreaux ». Les queues de cerise ont des vertus diurétiques et dépuratives, elles soignent les problèmes de rétention d'eau, de rhumatisme, d'arthrites et de diarrhées.

Je ne résiste pas à vous glisser là le temps des cerises de Jean-Baptiste Clément, chanson écrite en 1866 mais associée aux évènements de la Commune de Paris de 1871 (insurrection des parisiens républicains contre le parlement monarchique) car il la dédia à une infirmière qui venait servir les communards pendant la Semaine Sanglante.

Le second plan nous montre une plante annuelle très commune des bords de routes et des haies qui s'appelle le gaillet gratteron - ou galium aparine. Son nom « Galium » vient de Gala « lait » en grec car elle aurait été utilisée pour faire cailler le lait, et « Aparine » qui signifie qui s'agrippe. Elle aime les sols argileux, humides et riches en azote. Elle est très invasive et peut grimper sur tout et n'importe quoi grâce à sa croissance rapide et ses poils crochus qui la recouvrent entièrement et qui s'accrochent comme du velcro. Comestible, elle a des vertus médicinales, notamment diurétiques et désintoxiquantes (foie), elle soignerait aussi des irritations de la peau. Ces graines torréfiées auraient été utilisées comme substitut de café pendant des temps de guerre.

La dernière séquence nous montre des plans de thym en fleur. Plante méditerranéenne par excellence, son nom vient du grec thumos qui veut dire « parfumer » ou thymon qui signifie « esprit » ou « fumée », car on le brulait pour des rites religieux. Les égyptiens et étrusques s'en servaient pour embaumer les défunts.

On en extrait une huile essentielle le thymol. En Provence on l'appelle farigoule et il en existe plus de 300 espèces. Utilisé en aromates, il peut l'être aussi en tisane pour les infections respiratoires et le drainage du foie.

J'aime l'aube aux pieds nus qui se coiffe de thym,
Les coteaux violets qu'un pâle rayon dore,
Et la persienne ouverte avec un bruit sonore,
Pour boire le vent frais qui monte du jardin,

La grand'rue au village un dimanche matin,
La vache au bord de l'eau toute rose d'aurore,
La fille aux claires dents, la feuille humide encore,
Et le divin cristal d'un bel oeil enfantin.

Mais je préfère une âme à l'ombre agenouillée,
Les grands bois à l'automne et leur odeur mouillée,
La route où tinte, au soir, un grelot de chevaux,

La lune dans la chambre à travers les rideaux,
Une main pâle et douce et lente qui se pose,
« Deux grands yeux pleins d'un feu triste », et, sur toute chose

Une voix qui voudrait sangloter et qui n'ose...

Albert Samain (1900)

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